Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/114

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sang et de poussière, d’implorer le Krôniôn qui amasse les nuées. Donc, porte des parfums et réunis les femmes âgées dans le temple d’Athènè dévastatrice ; et dépose sur les genoux d’Athènè à la belle chevelure le péplos le plus riche et le plus grand qui soit dans ta demeure, et celui que tu aimes le plus ; et promets de sacrifier dans son temple douze génisses d’un an, encore indomptées, si elle prend pitié de la Ville et des femmes Troiennes et de leurs enfants, et si elle détourne de la sainte Ilios le fils de Tydeus, le féroce guerrier qui répand le plus de terreur. Va donc au temple d’Athènè dévastatrice, et moi, j’irai vers Pâris, afin de l’appeler, si pourtant il veut entendre ma voix. Plût aux Dieux que la terre s’ouvrît sous lui ! car l’Olympien l’a certainement nourri pour la ruine entière des Troiens, du magnanime Priamos et de ses fils. Si je le voyais descendre chez Aidès, mon âme serait délivrée de ses amères douleurs.

Il parla ainsi, et Hékabè se rendit à sa demeure et commanda aux servantes ; et celles-ci, par la ville, réunirent les femmes âgées. Puis Hékabè entra dans sa chambre nuptiale parfumée où étaient des péplos diversement peints, ouvrage des femmes Sidoniennes que le divin Alexandros avait ramenées de Sidôn, dans sa navigation sur la haute mer par où il avait conduit Hélènè née d’un père divin. Et, pour l’offrir à Athènè, Hékabè en prit un, le plus beau, le plus varié et le plus grand ; et il brillait comme une étoile et il était placé le dernier. Et elle se mit en marche, et les femmes âgées la suivaient.

Et quand elles furent arrivées dans le temple d’Athènè, Théanô aux belles joues, fille de Kissèis, femme du dompteur de chevaux Antènôr, leur ouvrit les portes, car les Troiens l’avaient faite prêtresse d’Athènè. Et toutes, avec un gémissement, tendirent les mains vers Athènè. Et Théanô aux belles joues, ayant reçu le péplos, le déposa sur les