Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne craignons personne. Quel guerrier pourrait me dompter aisément, à l’aide de sa force ou de ma faiblesse ? Je suis né dans Salamis, et je n’y ai point été élevé sans gloire.

Il parla ainsi, et tous suppliaient le père Zeus Kroniôn, et chacun disait, regardant le vaste Ouranos :

– Père Zeus, qui commandes de l’Ida, très-auguste, très-grand, donne la victoire à Aias et qu’il remporte une gloire brillante ; mais, si tu aimes Hektôr et le protèges, fais que le courage et la gloire des deux guerriers soient égaux.

Ils parlèrent ainsi, et Aias s’armait de l’airain éclatant. Et après qu’il eut couvert son corps de ses armes, il marcha en avant, pareil au monstrueux Arès que le Kroniôn envoie au milieu des guerriers qu’il pousse à combattre, le cœur plein de fureur. Ainsi marchait le grand Aias, rempart des Akhaiens, avec un sourire terrible, à grands pas, et brandissant sa longue pique. Et les Argiens se réjouissaient en le regardant, et un tremblement saisit les membres des Troiens, et le cœur de Hektôr lui-même palpita dans sa poitrine ; mais il ne pouvait reculer dans la foule des siens, ni fuir le combat, puisqu’il l’avait demandé. Et Aias s’approcha, portant un bouclier fait d’airain et de sept peaux de bœuf, et tel qu’une tour. Et l’excellent ouvrier Tykhios qui habitait Hylè l’avait fabriqué à l’aide de sept peaux de forts taureaux, recouvertes d’une plaque d’airain. Et Aias Télamônien, portant ce bouclier devant sa poitrine, s’approcha de Hektôr, et dit ces paroles menaçantes :

– Maintenant, Hektôr, tu sauras, seul à seul, quels sont les chefs des Danaens, sans compter Akhilleus au cœur de lion, qui rompt les phalanges des guerriers. Il repose aujourd’hui, sur le rivage de la mer, dans ses nefs aux poupes recourbées, irrité contre Agamemnôn le prince des peuples ; mais nous pouvons tous combattre contre toi. Commence donc le combat.

Et Hektôr au casque mouvant lui répondit :