Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/147

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celui qui restait en arrière. Et les Akhaiens fuyaient. Et beaucoup tombaient sous les mains des Troiens, en traversant les pieux et le fossé. Mais les autres s’arrêtèrent auprès des nefs, s’animant entre eux, levant les bras et suppliant tous les Dieux. Et Hektôr poussait de tous côtés ses chevaux aux belles crinières, ayant les yeux de Gorgô et du sanguinaire Arès. Et la divine Hèrè aux bras blancs, à cette vue, fut saisie de pitié et dit à Athènè ces paroles ailées :

— Ah ! fille de Zeus tempêtueux, ne secourrons-nous point, en ce combat suprême, les Danaens qui périssent ? Car voici que, par une destinée mauvaise, ils vont périr sous la violence d’un seul homme. Le Priamide Hektôr est plein d’une fureur intolérable, et il les accable de maux.

Et la divine Athènè aux yeux clairs lui répondit :

— Certes, le Priamide aurait déjà perdu la force avec la vie et serait tombé mort sous la main des Argiens, sur sa terre natale, si mon père, toujours irrité, dur et inique, ne s’opposait à ma volonté. Et il ne se souvient plus que j’ai souvent secouru son fils accablé de travaux par Eurystheus. Hèraklès criait vers l’Ouranos, et Zeus m’envoya pour le secourir. Certes, si j’avais prévu ceci, quand Hèraklès fut envoyé dans les demeures aux portes massives d’Aidès, pour enlever, de l’Érébos, le Chien du haïssable Aidès, certes, il n’aurait point repassé l’eau courante et profonde de Styx ! Et Zeus me hait, et il cède aux désirs de Thétis qui a embrassé ses genoux et lui a caressé la barbe, le suppliant d’honorer Akhilleus le destructeur de citadelles. Et il me nommera encore sa chère fille aux yeux clairs ! Mais attelle nos chevaux aux sabots massifs, tandis que j’irai dans la demeure de Zeus prendre l’Aigide et me couvrir de mes armes guerrières. Je verrai si le Priamide Hektôr au casque mouvant sera joyeux de nous voir des-