Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/187

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— Certes, tu espérais, dans ton esprit, une grande récompense, en désirant les chevaux du brave Aiakide, car ils ne peuvent être domptés et conduits par des guerriers mortels, sauf par Akhilleus qu’une mère immortelle a enfanté. Mais dis-moi la vérité. Où as-tu laissé Hektôr, prince des peuples ? Où sont ses armes belliqueuses et ses chevaux ? Où sont les sentinelles et les tentes des autres Troiens ? Dis-nous s’ils délibèrent entre eux, soit qu’ils aient dessein de rester où ils sont, loin des nefs, soit qu’ils désirent ne rentrer dans la ville qu’après avoir dompté les Akhaiens.

Et Dolôn, fils d’Eumèdos, lui répondit :

— Je te dirai toute la vérité. Hektôr, dans le conseil, délibère auprès du tombeau du divin Ilos, loin du bruit. Il n’y a point de gardes autour du camp, car tous les Troiens veillent devant leurs feux, pressés par la nécessité et s’excitant les uns les autres ; mais les Alliés, venus de diverses contrées, dorment tous, se fiant à la vigilance des Troiens, et n’ayant avec eux ni leurs enfants, ni leurs femmes.

Et le subtil Odysseus lui dit :

— Sont-ils mêlés aux braves Troiens, ou dorment-ils à l’écart ? Parle clairement, afin que je comprenne.

Et Dolôn, fils d’Eumèdos, lui répondit :

— Je te dirai toute la vérité. Auprès de la mer sont les Kariens, les Paiones aux arcs recourbés, les Léléges, les Kaukônes et les divins Pélasges ; du côté de Thymbrè sont les Lykiens, les Mysiens orgueilleux, les cavaliers Phrygiens et les Maiones qui combattent sur des chars. Mais pourquoi me demandez-vous ces choses ? Si vous désirez entrer dans le camp des Troiens, les Thrèkiens récemment arrivés sont à l’écart, aux extrémités du camp, et leur roi, Rhèsos Eionéide, est avec eux. J’ai vu ses grands et magnifiques chevaux. Ils sont plus blancs que la neige, et semblables aux vents quand ils courent. Et j’ai vu son char orné d’or