Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/197

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sur eux, tel qu’un lion, ils furent troublés ; et, les souples rênes étant tombées de leurs mains, leurs chevaux rapides les emportaient. Et, prosternés sur le char, ils suppliaient Agamemnôn :

— Prends-nous vivants, fils d’Atreus, et reçois le prix de notre affranchissement. De nombreuses richesses sont amassées dans les demeures d’Antimakhos, l’or, l’airain et le fer propre à être travaillé. Notre père t’en donnera la plus grande partie pour notre affranchissement, s’il apprend que nous sommes vivants sur les nefs des Akhaiens.

En pleurant, ils adressaient au Roi ces douces paroles, mais ils entendirent une dure réponse :

— Si vous êtes les fils du brave Antimakhos qui, autrefois, dans l’agora des Troiens, conseillait de tuer nos envoyés, Ménélaos et le divin Odysseus, et de ne point les laisser revenir vers les Akhaiens, maintenant vous allez payer l’injure de votre père.

Il parla ainsi, et, frappant de sa lance Peisandros à la poitrine, il le renversa dans la poussière, et, comme Hippolokhos sautait, il le tua à terre ; et, lui coupant les bras et le cou, il le fit rouler comme un tronc mort à travers la foule. Et il les abandonna pour se ruer sur les phalanges en désordre, suivi des Akhaiens aux belles knèmides. Et les piétons tuaient les piétons qui fuyaient, et les cavaliers tuaient les cavaliers. Et, sous leurs pieds, et sous les pieds sonores des chevaux, une grande poussière montait de la plaine dans l’air. Et le roi Agamemnôn allait, tuant toujours et excitant les Argiens.

Ainsi, quand la flamme désastreuse dévore une épaisse forêt, et quand le vent qui tourbillonne l’active de tous côtés, les arbres tombent sous l’impétuosité du feu. De même, sous l’Atréide Agamemnôn, tombaient les têtes des Troiens en fuite. Les chevaux entraînaient, effarés, la tête haute, les chars vides à travers les rangs, et regrettaient