Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/243

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Et nous te donnerons la plus belle des filles d’Agamemnôn, venue d’Argos pour t’épouser, si tu veux avec nous détruire la ville bien peuplée d’Ilios. Mais suis-nous dans les nefs qui traversent la mer, afin de convenir de tes noces, car nous aussi, nous sommes d’excellents beaux-pères !

Et le héros Idoméneus parla ainsi, et il le traînait par un pied à travers la mêlée. Et, pour venger Othryoneus, Asios accourut, à pied devant son char, et ses chevaux, retenus par leur conducteur, soufflaient sur ses épaules. Et il désirait percer Idoméneus, mais celui-ci l’atteignit le premier, de sa lance, dans la gorge, sous le menton. Et la lance passa au travers du cou, et Asios tomba comme un chêne ou comme un peuplier, ou comme un pin élevé que des constructeurs de nefs, sur les montagnes, coupent de leurs haches récemment aiguisées. Ainsi le guerrier gisait étendu devant ses chevaux et son char, grinçant des dents et saisissant la poussière sanglante. Et le conducteur, éperdu, ne songeait pas à éviter l’ennemi en faisant retourner les chevaux. Et le brave Antilokhos le frappa de sa lance, et la cuirasse d’airain ne résista pas au coup qui pénétra au milieu du ventre. Et l’homme tomba, expirant, du char habilement fait, et le fils du magnanime Nestôr, Antilokhos, entraîna les chevaux du côté des Akhaiens aux belles knèmides.

Et Dèiphobos, triste de la mort d’Asios, s’approchant d’Idoméneus, lui lança sa pique étincelante. Mais Idoméneus, l’ayant aperçue, évita la pique d’airain en se couvrant de son bouclier d’une rondeur égale fait de peaux de bœuf et d’airain brillant, et qu’il portait à l’aide de deux manches. Et il en était entièrement couvert, et l’airain vola par-dessus, effleurant le bouclier qui résonna. Mais la lance ne s’échappa point en vain d’une main vigoureuse, et, frappant Hypsènôr Hippaside, prince des peuples, elle