Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/265

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Minôs et Rhadamanthès, ni Sémélè qui enfanta Diônysos, la joie des hommes, ni Alkmènè qui enfanta aussi dans Thèbè mon robuste fils Hèraklès, ni la reine Dèmètèr aux beaux cheveux, ni l’illustre Lètô, ni toi-même ; car je n’ai jamais ressenti pour toi tant de désir et tant d’amour.

Et la vénérable Hèrè pleine de ruses lui répondit :

— Très-redoutable Kronide, qu’as-tu dit ? Tu désires que nous nous unissions d’amour, maintenant, sur le faîte de l’Ida ouvert à tous les regards ! Si quelqu’un des Dieux qui vivent toujours nous voyait couchés et en avertissait tous les autres ! Je n’oserais plus rentrer dans tes demeures, en sortant de ton lit, car ce serait honteux. Mais, si tels sont ton désir et ta volonté, la chambre nuptiale que ton fils Hèphaistos a faite a des portes solides. C’est là que nous irons dormir, puisqu’il te plaît que nous partagions le même lit.

Et Zeus qui amasse les nuées lui répondit :

— Ne crains pas qu’aucun Dieu te voie, ni aucun homme. Je t’envelopperai d’une nuée d’or, telle que Hélios lui-même ne la pénétrerait pas, bien que rien n’échappe à sa lumière.

Et le fils de Kronos prit l’Épouse dans ses bras. Et sous eux la terre divine enfanta une herbe nouvelle, le lotos brillant de rosée, et le safran, et l’hyacinthe épaisse et molle, qui les soulevaient de terre. Et ils s’endormirent, et une belle nuée d’or les enveloppait, et d’étincelantes rosées en tombaient.

Ainsi dormait, tranquille, le père Zeus sur le haut Gargaros, dompté par le sommeil et par l’amour, en tenant l’Épouse dans ses bras. Et le doux Hypnos courut aux nefs des Akhaiens en porter la nouvelle à Celui qui ébranle la terre, et il lui dit en paroles ailées :

— Hâte-toi, Poseidaôn, de venir en aide aux Akhaiens, et donne-leur la victoire au moins quelques instants, pen-