Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/274

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tels les desseins fatals de Zeus. Je ne pense pas que ni les hommes, ni les Dieux puissent se réjouir désormais dans leurs festins.

La vénérable Hèrè parla et s’assit. Et les Dieux s’attristèrent dans les demeures de Zeus ; mais la fille de Kronos sourit amèrement, tandis que son front était sombre au-dessus de ses sourcils bleus ; et elle dit indignée :

— Insensés que nous sommes nous nous irritons contre Zeus et nous voulons le dompter, soit par la flatterie, soit par la violence ; et, assis à l’écart, il ne s’en soucie ni ne s’en émeut, sachant qu’il l’emporte sur tous les Dieux immortels par la force et la puissance. Subissez donc les maux qu’il lui plaît d’envoyer à chacun de vous. Déjà le malheur atteint Arès ; son fils a péri dans la mêlée, Askalaphos, celui de tous les hommes qu’il aimait le mieux, et que le puissant Arès disait être son fils.

Elle parla ainsi, et Arès, frappant de ses deux mains ses cuisses vigoureuses, dit en gémissant :

— Ne vous irritez point, habitants des demeures Olympiennes, si je descends aux nefs des Akhaiens pour venger le meurtre de mon fils, quand même ma destinée serait de tomber parmi les morts, le sang et la poussière, frappé de l’éclair de Zeus !

Il parla ainsi, et il ordonna à la Crainte et à la Fuite d’atteler ses chevaux, et il se couvrit de ses armes splendides. Et, alors, une colère bien plus grande et bien plus terrible se fût soulevée dans l’âme de Zeus contre les Immortels, si Athènè, craignant pour tous les Dieux, n’eût sauté dans le parvis, hors du trône où elle était assise. Et elle arracha le casque de la tête d’Arès, et le bouclier de ses épaules et la lance d’airain de sa main robuste, et elle réprimanda l’impétueux Arès :

— Insensé ! tu perds l’esprit et tu vas périr. As-tu des oreilles pour ne point entendre ? N’as-tu plus ni intelli-