Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/279

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leur guerrier Aitôlien, habile au combat de la lance et ferme dans la mêlée. Et peu d’Akhaiens l’emportaient sur lui dans l’agora. Et il s’écria :

— Ah ! certes, je vois de mes yeux un grand prodige. Voici le Priamide échappé à la mort. Chacun de nous espérait qu’il avait péri par les mains d’Aias Télamônien ; mais sans doute un Dieu l’a sauvé de nouveau, lui qui a rompu les genoux de tant de Danaens, et qui va en rompre encore, car ce n’est point sans l’aide de Zeus tonnant qu’il revient furieux au combat. Mais, allons ! et obéissez tous. Que la multitude retourne aux nefs, et tenons ferme, nous qui sommes les plus braves de l’armée. Tendons vers lui nos grandes lances, et je ne pense pas qu’il puisse, malgré ses forces, enfoncer les lignes des Danaens.

Il parla ainsi, et tous l’entendirent et obéirent. Et autour de lui étaient les Aias et le roi Idoméneus, et Teukros et Mèrionès, et Mégès semblable à Arès ; et ils se préparaient au combat, réunissant les plus braves, contre Hektôr et les Troiens. Et, derrière eux, la multitude retournait vers les nefs des Akhaiens.

Et les Troiens frappèrent les premiers. Hektôr les précédait, accompagné de Phoibos Apollôn, les épaules couvertes d’une nuée et tenant l’Aigide terrible, aux longues franges, que le forgeron Hèphaistos donna à Zeus pour épouvanter les hommes. Et, tenant l’Aigide en main, il menait les Troiens. Et les Argiens les attendaient de pied ferme, et une clameur s’éleva des deux côtés. Les flèches jaillissaient des nerfs et les lances des mains robustes ; et les unes pénétraient dans la chair des jeunes hommes, et les autres entraient en terre, avides de sang, mais sans avoir percé le beau corps des combattants.

Aussi longtemps que Phoibos Apollôn tint l’Aigide immobile en ses mains, les traits percèrent des deux côtés, et les guerriers tombèrent ; mais quand il la secoua devant la