Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/286

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Ménalippos, qui paissait, avant la guerre, ses bœufs aux pieds flexibles dans Perkôtè, mais qui vint à Ilios quand les nefs Danaennes aux doubles avirons arrivèrent. Et il brillait parmi les Troiens, et il habitait auprès de Priamos qui l’honorait à l’égal de ses fils. Et Hektôr lui adressa ces paroles dures et sévères :

— Ainsi, Ménalippos, nous restons inertes. Ton parent mort ne touche-t-il point ton cœur ? Ne vois-tu pas qu’ils arrachent les armes de Dolops ? Suis-moi. Ce n’est plus de loin qu’il faut combattre les Argiens. Nous les tuerons, ou la haute Ilios sera prise et ils égorgeront ses citoyens.

En parlant ainsi, il s’élança, et Ménalippos le suivit, semblable à un Dieu. Et le grand Télamônien Aias exhortait les Akhaiens :

— Ô amis ! soyez des hommes. Ayez honte de fuir et faites face au combat. Les braves sont plutôt sauvés que tués, et les lâches seuls n’ont ni gloire, ni salut.

Il parla ainsi, et les Akhaiens retinrent ses paroles dans leur esprit, prêts à s’entre-aider ; et ils faisaient comme un mur d’airain autour des nefs ; et Zeus excitait les Troiens contre eux. Et le brave Ménélaos anima ainsi Antilokhos :

— Antilokhos, nul d’entre les Akhaiens n’est plus jeune que toi, ni plus rapide, ni plus brave au combat. Plût aux Dieux que tu pusses tuer quelque Troien !

Il parla ainsi, et il le laissa excité par ces paroles. Et Antilokhos se jeta parmi les combattants et lança sa pique éclatante, et les Troiens reculèrent ; mais la pique ne fut point lancée en vain, car elle perça à la poitrine, près de la mamelle, Ménalippos, l’orgueilleux fils de Hikétaôn. Et il tomba et ses armes sonnèrent. Et le brave Antilokhos se jeta sur lui, comme un chien sur un faon qu’un chasseur a percé tandis qu’il bondissait hors du gîte. Ainsi, Ménalippos, le belliqueux Antilokhos sauta sur toi pour t’arracher tes armes ; mais le divin Hektôr, l’ayant vu, courut sur lui à