Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/323

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des armes du divin Pèléide, il secoua la tête et dit dans son esprit :

— Ô malheureux ! tu ne songes point à la mort qui est proche de toi, et tu revêts les armes immortelles du plus brave des hommes, devant qui tous les guerriers frémissent ; et tu as tué son compagnon si doux et si courageux, et tu as outrageusement arraché ses armes de sa tête et de ses épaules ! Mais je te donnerai une grande gloire en retour de ce que Andromakhè ne recevra point, après le combat, les armes illustres du Pèléide.

Zeus parla ainsi, et il scella sa promesse en abaissant ses sourcils bleus. Et il adapta les armes au corps du Priamide qui, hardi et furieux comme Arès, sentit couler dans tous ses membres la force et le courage. Et, poussant de hautes clameurs, il apparut aux illustres Alliés et aux Troiens, semblable à Akhilleus, car il resplendissait sous les armes du magnanime Pèléide. Et, allant de l’un à l’autre, il les exhortait tous : Mesthlès, Glaukos, Médôn, Thersilokhos, Astéropaios, Deisinôr, Hippothoos et Phorkis, et Khromios et le divinateur Ennomos. Et, les excitant par des paroles rapides, il leur parla ainsi :

— Entendez-moi, innombrables peuples alliés et voisins d’Ilios ! Je n’ai point appelé une multitude inactive quand je vous ai convoqués de vos villes, mais je vous ai demandé de défendre ardemment les femmes des Troiens et leurs petits enfants contre les Akhaiens belliqueux. Pour vous, j’ai épuisé mes peuples de vivres et de présents et j’ai nourri vos forces. Que chacun combatte donc, triomphe ou périsse, car c’est le sort de la guerre. Celui qui entraînera le corps de Patroklos vers les Troiens dompteurs de chevaux aura, pour sa part, la moitié des dépouilles, et j’aurai l’autre moitié, et sa gloire sera égale à la mienne.

Il parla ainsi, et tous, les lances tendues, se ruèrent sur les Danaens, espérant arracher au Télamônien Aias le ca-