Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/327

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brave compagnon de Lykomèdès. Et le brave Lykomèdès fut saisi de compassion en le voyant tomber. Il s’approcha, et, lançant sa pique brillante, il perça dans le foie le Hippaside Apisaôn, prince des peuples, et il rompit ses forces. Le Hippaside était venu de la fertile Paioniè, et il était le premier des Paiones, après Astéropaios. Et le brave Astéropaios fut saisi de compassion en le voyant tomber, et il se rua en avant pour combattre les Danaens, mais vainement, car les Akhaiens se tenaient tous, hérissés de lances, autour de Patroklos. Et Aias les exhortait ardemment, et il leur ordonnait de ne point s’écarter du cadavre en s’élançant hors des rangs, mais de rester autour de Patroklos et de tenir ferme. Le grand Aias commandait ainsi ; et la terre était baignée d’un sang pourpré, et tous tombaient les uns sur les autres, Troiens, alliés et Danaens ; mais ceux-ci périssaient en plus petit nombre, car ils n’oubliaient point de s’entr’aider dans la mêlée. Et tous luttaient, pareils à un incendie ; et nul n’aurait pu dire si Hélios brillait, ou Sélènè, tant les braves qui s’agitaient autour du Ménoitiade étaient enveloppés d’un noir brouillard.

Ailleurs, d’autres Troiens et d’autres Akhaiens aux belles knèmides combattaient à l’aise sous un air serein ; et là se répandait l’étincelante splendeur de Hélios, et il n’y avait de nuées ni sur la terre, ni sur les montagnes. Et ils combattaient mollement, évitant les traits de part et d’autre, et séparés par un large espace. Mais, au centre, sous le noir brouillard, les plus braves, se frappant de l’airain cruel, subissaient tous les maux de la guerre. Et là, deux excellents guerriers, Thrasymèdès et Antilokhos, ne savaient pas que l’irréprochable Patroklos fût mort. Ils pensaient qu’il était vivant et qu’il combattait les Troiens au fort de la mêlée, tandis qu’eux-mêmes luttaient pour le salut de leurs compagnons, loin du Ménoitiade, comme Nestôr le