Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/359

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Et quand tous les Akhaiens furent assemblés, Akhilleus aux pieds rapides, se levant au milieu d’eux, parla ainsi :

— Atréide, n’eût-il pas mieux valu nous entendre, quand, pleins de colère, nous avons consumé notre cœur pour cette jeune femme ? Plût aux Dieux que la flèche d’Artémis l’eût tuée sur les nefs, le jour où je la pris dans Lyrnessos bien peuplée ! Tant d’Akhaiens n’auraient pas mordu la vaste terre sous des mains ennemies, à cause de ma colère. Ceci n’a servi qu’à Hektôr et aux Troiens ; et je pense que les Akhaiens se souviendront longtemps de notre querelle. Mais oublions le passé, malgré notre douleur ; et, dans notre poitrine, soumettons notre âme à la nécessité. Aujourd’hui, je dépose ma colère. Il ne convient pas que je sois toujours irrité. Mais toi, appelle promptement au combat les Akhaiens chevelus, afin que je marche aux Troiens et que je voie s’ils veulent dormir auprès des nefs. Il courbera volontiers les genoux, celui qui aura échappé à nos lances dans le combat.

Il parla ainsi, et les Akhaiens aux belles knèmides se réjouirent que le magnanime Pèléiôn renonçât à sa colère. Et le Roi des hommes, Agamemnôn, parla de son siége, ne se levant point au milieu d’eux :

— Ô chers héros Danaens, serviteurs d’Arès, il est juste d’écouter celui qui parle, et il ne convient point de l’interrompre, car cela est pénible, même pour le plus habile. Qui pourrait écouter et entendre au milieu du tumulte des hommes ? La voix sonore du meilleur agorète est vaine. Je parlerai au Pèléide. Vous, Argiens, écoutez mes paroles, et que chacun connaisse ma pensée. Souvent les Akhaiens m’ont accusé, mais je n’ai point causé leurs maux. Zeus, la Moire, Érinnyes qui errent dans les ténèbres, ont jeté la fureur dans mon âme, au milieu de l’agora, le jour où j’ai enlevé la récompense d’Akhilleus. Mais qu’aurais-je fait ? Une Déesse accomplit tout, la vénérable fille de Zeus, la