Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/361

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il jura, par un inviolable serment, qu’elle ne reviendrait plus jamais dans l’Olympos et dans l’Ouranos étoilé, Atè, qui égare tous les esprits. Il parla ainsi, et, la faisant tournoyer, il la jeta, de l’Ouranos étoilé, au milieu des hommes. Et c’est par elle qu’il gémissait, quand il voyait son fils bien-aimé accablé de travaux sous le joug violent d’Eurystheus. Et il en est ainsi de moi. Quand le grand Hektôr au casque mouvant accablait les Argiens auprès des poupes des nefs, je ne pouvais oublier cette fureur qui m’avait égaré. Mais, puisque je t’ai offensé et que Zeus m’a ravi l’esprit, je veux t’apaiser et te faire des présents infinis. Va donc au combat et encourage les troupes ; et je préparerai les présents que le divin Odysseus, hier sous tes tentes, t’a promis. Ou, si tu le désires, attends, malgré ton ardeur à combattre. Des hérauts vont t’apporter ces présents, de ma nef, et tu verras ce que je veux te donner pour t’apaiser.

Et Akhilleus aux pieds rapides lui répondit :

— Très-illustre Atréide Agamemnôn, Roi des hommes, si tu veux me faire ces présents, comme cela est juste, ou les garder, tu le peux. Ne songeons maintenant qu’à combattre. Il ne s’agit ni d’éviter le combat, ni de perdre le temps, mais d’accomplir un grand travail. Il faut qu’on revoie Akhilleus aux premiers rangs, enfonçant de sa lance d’airain les phalanges troiennes, et que chacun de vous se souvienne de combattre un ennemi.

Et le sage Odysseus, lui répondant, parla ainsi :

— Bien que tu sois brave, ô Akhilleus semblable à un Dieu, ne pousse point vers Ilios, contre les Troiens, les fils des Akhaiens qui n’ont point mangé ; car la mêlée sera longue, dès que les phalanges des guerriers se seront heurtées, et qu’un Dieu leur aura inspiré à tous la vigueur. Ordonne que les Akhaiens se nourrissent de pain et de vin dans les nefs rapides. Cela seul donne la force et le courage.