Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/435

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Il parla ainsi, et le divin Akhilleus aux pieds vigoureux rit, approuvant Antilokhos, parce qu’il l’aimait ; et il lui répondit ces paroles ailées :

— Antilokhos, si tu veux que je prenne dans ma tente un autre prix pour Eumèlos, je le ferai. Je lui donnerai la cuirasse que j’enlevai à Astéropaios. Elle est d’or et entourée d’étain brillant. Elle est digne de lui.

Il parla ainsi, et il ordonna à son cher compagnon Automédôn de l’apporter de sa tente, et Automédôn partit et l’apporta. Et Akhilleus la remit aux mains d’Eumèlos, qui la reçut avec joie.

Et Ménélaos se leva au milieu de tous, triste et violemment irrité contre Antilokhos. Un héraut lui mit le sceptre entre les mains et ordonna aux Argiens de faire silence, et le divin guerrier parla ainsi :

— Antilokhos, toi qui étais plein de sagesse, pourquoi en as-tu manqué ? Tu as déshonoré ma gloire ; tu as jeté en travers des miens tes chevaux qui leur sont bien inférieurs. Vous, princes et chefs des Argiens, jugez équitablement entre nous. Que nul d’entre les Akhaiens aux tuniques d’airain ne puisse dire : Ménélaos a opprimé Antilokhos par des paroles mensongères et a ravi son prix, car ses chevaux ont été vaincus, mais lui l’a emporté par sa puissance. Mais je jugerai moi-même, et je ne pense pas qu’aucun des Danaens me blâme, car mon jugement sera droit. Antilokhos, approche, enfant de Zeus, comme il est juste. Debout, devant ton char, prends en main ce fouet que tu agitais sur tes chevaux, et jure par Poseidaôn qui entoure la terre que tu n’as point traversé ma course par ruse.

Et le sage Antilokhos lui répondit :

— Pardonne maintenant, car je suis beaucoup plus jeune que toi, roi Ménélaos, et tu es plus âgé et plus puissant. Tu sais quels sont les défauts d’un jeune homme ; l’esprit