Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/54

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longtemps, pour une telle femme, car elle ressemble aux Déesses immortelles par sa beauté. Mais, malgré cela, qu’elle s’en retourne sur ses nefs, et qu’elle ne nous laisse point, à nous et à nos enfants, un souvenir misérable.

Ils parlaient ainsi, et Priamos appela Hélénè :

― Viens, chère enfant, approche, assieds-toi auprès de moi, afin de revoir ton premier mari, et tes parents, et tes amis. Tu n’es point la cause de nos malheurs. Ce sont les Dieux seuls qui m’ont accablé de cette rude guerre Akhaienne. Dis-moi le nom de ce guerrier d’une haute stature ; quel est cet Akhaien grand et vigoureux ? D’autres ont une taille plus élevée, mais je n’ai jamais vu de mes yeux un homme aussi beau et majestueux. Il a l’aspect d’un Roi.

Et Hélénè, la divine femme, lui répondit :

― Tu m’es vénérable et redoutable, père bien-aimé. Que n’ai-je subi la noire mort quand j’ai suivi ton fils, abandonnant ma chambre nuptiale et ma fille née en mon pays lointain, et mes frères, et les chères compagnes de ma jeunesse ! Mais telle n’a point été ma destinée, et c’est pour cela que je me consume en pleurant. Je te dirai ce que tu m’as demandé. Cet homme est le roi Agamemnôn Atréide, qui commande au loin, roi habile et brave guerrier. Et il fut mon beau-frère, à moi infâme, s’il m’est permis de dire qu’il le fut.

Elle parla ainsi, et le vieillard, plein d’admiration, s’écria :

― Ô heureux Atréide, né pour d’heureuses destinées Certes, de nombreux fils des Akhaiens te sont soumis. Autrefois, dans la Phrygiè féconde en vignes, j’ai vu de nombreux Phrygiens, habiles cavaliers, tribus belliqueuses d’Otreus et de Mygdôn égal aux Dieux, et qui étaient campés sur les bords du Sangarios. Et j’étais au milieu d’eux, étant leur allié, quand vinrent les Amazones viriles.