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Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/175

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Filz de Priam, je te pry ne me laiſſe
Au vueil des Grecs, meſmes en la Foibleſſe
Ou tu me voys : Fay moy toſt amener
En ta Cité ſans point m’habandonner :
La je mourray, jamais n’auray puiſſance
De retourner au lieu de ma naiſſance :
Pour conſoler mon Enfant, & ma Femme,
Sentant prochain le deſpart de mon ame.
    Le preux Hector point ne luy reſpondit :
Mais à chaſſer les Gregeois entendit :
Deliberant de la vie priver,
Ceulx qui vouldroient à l’encontre eſtriver.
    Apres cecy les Liciens aſſirent
Soubz ung fouſteau Sarpedon, & luy feirent
Tirer dehors le Dard, par ſon mignon
Dict Pelagon fidele Compaignon.
En le tirant, l’Eſprit preſque ſouyt
Du foible corps, dont il ſ’eſvanouyt :
Puis on le veid (peu à peu reſpirant)
Se revenir tendrement ſoulpirant :
À quoy ſervoit beaucoup le frais vmbrage,
Et le doulx vent luy ſouflant au viſage.
    Adonc l’effort d’Hector, & du Dieu Mars,
Eſtonna tant les Grecs de toutes pars,
Qu’il ne ſ’oſoyent nullement avancer
Encores moins les Eſcadrons laiſſer :
Mais peu à peu monſtrans contraire face,
Se retiroyent habandonnant la place.
    Or diſons donc icy, quelz Gregeois furent
Vaincuz d’Hector, & qui la mort receurent
En ce conflict Theutras fut le premier
Homme vaillant, de vaincre couſtumier :