Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/181

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Souventeſfois les plus fortz & puiſſantz,
Et les rendoit mortz ou Obeiſſantz.
Monſtra il pas de ſon cueur la grandeur
Aux fortz Thebains eſtant Ambaſſadeur
Par devers eulx, quand apres le Bancquet,
(En les voyant Oyſifz pleins de Cacquet)
Les provoqua, puis apres les vainquit :
Ou grand honeur, & grand Louange acquiſt ?
Pourquoy cela ? Ie le favoriſoye,
Et en ſes faictz touſjours le conduiſoye,
Comme tu vois que ſouvent je t’aſſiſte,
Et pour ta vie aulcunes fois reſiſte,
En te donnant les plus certains moyens,
De mectre à mort les plus fortz des Troiens.
Ce non obſtant tu es ores laſſé,
Tout de Pareſſe ou de Craincte oppreſſé,
Dont ſuis d’advis que jamais ne te nommes
Filz de Tidée, entre les vaillantz hommes.
    Diomedés reſpondit lors : Ô Dame
Ie te ſupply , ne m’imputera Blaſme,
Ou Laſcheté ceſte miene Retraicte.
Car puis que j’ay cognoiſſance parfaicte
De ta preſence, en rien ne vueil celer,
Ce qui m’a faict à preſent reculer.
Ce n’eſt point Craincte ou Laſcheté de Corps,
Mais ton Conſeil, du quel je ſuis records.
Ne m’as tu pas defendu d’entreprendre
Rien ſur les Dieux, fors ſur Venus la Tendre ?
Donc maintenant ayant veu le Dieu Mars
Encontre nous, ay je tort, ſi je pars
Hors du Combat, & ſi veulx advertir
Mes Compaignons, pour les en divertir ?