Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/191

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Diſant ainſi.Ô amys tres vaillans
Servans de Mars, Courageux aſſaillans,
Continuez, Pourſuyvez la victoire,
Qui ia vous eſt preſentée & notoire.
Chargez deſſus, & ne vous employez
À Butiner, que premier ne voyez
Que tous ſoient mortz, Faictes vos Dardz fouiller
Dedans leurs Corps, ains que les deſpouiller :
Pour en aprés la Victoire gaignée,
Tout à loyſir employer la journée
À les fouiller, pour charger ung matin
Noz grans Vaiſſeaulx, de ce riche Butin.
    Diſant ainſi, il enflamma leurs cueurs
Si tres avant, qu’ilz ſe veirent vainqueurs :
Et les Troiens mis en neceſſité
De ſ’enfouyr, & gaigner la Cité :
Laiſſans le Camp, Si le ſaige Helenus
Filz de Priam, ne les euſt retenuz.
Lequel voyant ceſte cruele Chaſſe,
Dict à Hector, & Eneas en Face.
Puis que la charge & l’entiere Conduycte
De noſtre Gent, eſt en voz deux reduycte,
Comme les deux Princes plus eſprouvez
De noſtre pars. Mes amyz vous devez
À ce jourdhuy faire tant que la perte
Ne ſoit airiſi dommageuſe, & aperte.
Tenez donc bon, monſtrez vous diligens
Devant la Porte, à raſſembler voz gens :
Les enhortant encore à la Bataille,
S’ilz n’ont vouloir, qu’on les tue & detaille
Entre les bras de leurs Femmes piteuſes :
Qui les voyans fouyr ſeront honteuſes.