Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/243

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Laquelle ouye, incontinene ſe partent
De l’Aſſemblée, & par les Champs ſ’eſcartent
Une grand part ſe voulut occuper
Daller querir les Mortz : l’aultre à couper
Bois & Fagotz. Les Grecs d’aultre coſté,
Furent auſſi de meſme voluté.
Et peut on voir par ung jour tout entier,
Grecs & Troiens faiſans pareil Meſtier.
Se rencontrans ſouventeſfois, ſans faire
Aulcun ſemblant de ſe nuyre, ou deſplaire.
    C’eſtoit pitié de les voir par la Plaine
Embeſongnez, & ne povoir à peine
Congnoiſtre au vray les Formes & Semblantz
De leurs Parens tant ilz eſtoient Sanglantz.
Mais ilz prenoient de l’Eau & les lavoient.
Par ce moyen bien ſouvent les trouvoient.
Puis les mettoient ſur le Char, & leurs Armes,
Non ſans gemir, & plaindre à chauldes larmes.
    Le Roy Priam feit dans ung grand Feu mectre
Les Troiens mortz, & ne voulut permedre
À ſes ſubjectz, d’en faire aultres regretz.
    Agamemnon en feit autant des Grecs.
Et qui plus eſt, tout le long de la nuict :
Feit eſlever prompternent & ſans bruyt
Ung Monument, dedans lequel poſerent
Les Oſſementz. Pas ne ſe repoſerent
Apres cela. Ains vont tout a l’entour
Des Nefz baſtir mainte puiſſante Tour,
L’accompaiſnant de Boulevertz exquis,
Et de grans Huys comme il eſtoit requis,
Pour retirer les Souldardz qui viendroient
De la Bataille, ou aller y vouldroient.