Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/248

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Mais ſi je veulx au Ciel vous eſlever,
Ie le feray, ſans en rien me grever :
Et tireray par une meſme charge
Avecques vous la Terre & la Mer large.
Aprés cela j’attacheray d’ung bout
La Chaine au Ciel, & ſuſpendray le tout :
À celle fin que l’on cognoiſſe mieulx,
Que je ſuis Chef des Hommes & des Dieux.
    Ceſte Menace & tant grave Harangue,
Rendit les Dieux eſtonnez & ſans Langue,
Par quelque temps : Mais en fin la Déeſſe
Pallas ſa Fille, à Iuppiter ſ’adreſſe :
En luy diſant. Ô Roy des Roys, grand Pere
De tous les Dieux, à qui tout obtempere,
Nous ſcavons bien par longue experience,
Qu’il y a grande & ample difference
De ton povoir au noſtre. Et maintenant
Si l’ung de nous eſt les Grecs ſouſtenant,
Ce n’eſt Deſdain, Ire, ou Inimitié
Que l’on te porte. Ains l’extreme Pitié
Que nous avons, en les voyant mourir.
Or ne povant de faict les ſecourir,
Te plaiſt il pas, au moins qu’on les conſole
De bon Conſeil, & utile Parole :
Et qu’on en ſaulve ung nombre, qui mourra
Par ton Courroux, qui ne les ſecourra ?
    Lors Iuppiter, monſtrant joyeuſe chere,
Luy reſpondit. Pallas ma Fille chere,
Donne Conſeil & Faneur aux Gregeois
À ton plaiſir : je te veulx ceſte fois
Gratifier. Fay ſelon ta penſée :
Tu n’en ſeras aucunement tancée.