Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/31

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Diſant ces motz meit ſon glaive peſant
Dans le fourreau argentin & luyſant :
Et la Déeſſe abandonna ces lieux,
Et ſ’en monta au Ciel avec les Dieux.
    Ce temps pendant la fureur ne ceſſoit
Au vaillant Grec, ains plus ſe renforcoit :
Et derechef, regardant au viſage
Agamemnon, uſa de tel langage.
    Ô grand yvrogne en maintien reſſemblant
Ung chien mutint : mais de cœur plus tremblant
Que n’eſt ung Cerf, eſtant mis aux abboys :
Laſche couard, meſchant, entre les Roys
Qui onc n’oſa t’acouſtrer de tes armes,
Hanter aſſaulx, eſcarmouches, alarmes :
Encores moins adreſſer quelque embuſche :
Craignant touſjours qu’on y meure, ou treſbuche
Cruel Tyran qui le peuple devores,
Et prens plaiſir quand quelcun deſhonores,
Grand oppreſſeur, & rongeur des petitz
Contrarians à tes faulx appetitz,
Si j’eus le creu n’aguetes mon courage :
Tu n’euſſes faict jamais à nul dommage,
Car tout ſoudain, ſans nul eſpoir de grace,
Ie t’euſſe mort eſtendu ſur la place.
Or à preſent, eſcoute le Serment
Que je feray : Par ce digne ornement
Sceptre Royal, que je tiens en ma dextre,
Sur qui jamais fueilles ne pourront naiſtre
Ayant perdu la verdeur de ſon bois :
Vray ornement des juges qui les loix
De Iuppiter practiquent aux humains :
Vng iour viendra, que pour fuyr des mains