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Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/33

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Ie ne vey onc, & ne penſe encor veoir,
Morcelz pourveus de l’audace & pouvoir,
Qu’eſtoient jadis Pirithoüs, Theſée,
Dryas remply de prudence priſée,
Exadius, Ceneis, Polypheme,
Eſgaux aux dieux, qui par puiſſance extreme
Mirent à mort les Geans, & Lapithes :
Dont juſqu’au Ciel en volent leurs merites.
Ceux-là ſouvent m’appelloient avec eux,
Pour batailler en combatz perilleux :
Contre leſquelz, homme qui ſoit vivant
N’euſt hazardé de ſe mettre en avant.
Et tellement ſ’arreſtoient à mon dire,
Que je n’en veis oncques un contredire.
Si vous voulez ainſi vous gouverner
Par le conſeil que je vous veux donner,
Vous ferez bien. Or à toy je m’adreſſe
Agamemnon, Ne prens la hardieſſe,
(Bien que tu ſois le premier en degré)
De le vouloir priver outre ſon gré,
De Briſeis dont les Grecs par enſemble
L’ont guerdonné. Quant à toy il me ſemble
Ô Achillés, que tu te devrois taire,
Sans conteſter de parole au contraire.
Car tous les Roys,qui ſceptres ont portes,
Oncques ne ſont en ſi hault lieu montes,
Comme ceſtuy à qui Iuppiter donne
Sur les plus grands les ſceptre & la courone.
Si ta force eſt plus grande que la ſienne,
C’eſt par Thetis, qui eſt la mere tienne :
Ce nonobſtant, il a plus de puiſſance.
Car plus de gens luy ſont obeiſſance,