Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/330

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Il n’eſt Patron de Neſf qui ne luy baille,
Vne Brebis noire de graſſe taille,
Et ſon Aigneau Preſent à vray parler
Qu’on ne ſcauroit paſſer ou eſgaler :
Et ne fera jamais Feſtin tenu,
Ou il ne ſoit toujours le bien venu.
    Ainſi parla : mais ceulx qui l’entendirent
D’ung bien long temps mot ne luy reſpondirent.
Diomedés aprés devant les Roys,
Ouvrit la Bouche & dict à claire voix.
Le noble eſprit qui dans mon Cueur repoſe
Me ſolicite, & veult que ie m’expoſe
Des maintenant comme preux Champion
À ce danger de ſervir d’Eſpion.
Et le ſeray, proveu que l’on me donne,
Ung Compaignon qui de rien ne ſ’eſtonne
Car ie ſcay bien que le Conſeil de deux
Eſt plus certain en faict ſi haſardeux
Que n’eſt d’ung ſeul : Car l’on ſ’entre conſeille,
D’ou ſort aprés l’Audace nom pareille.
Mais l’Homme ſeul tant ſoit ſort & puiſſant,
Bien Reſolu, & ſon faict : cognoiſſant,
Quand vient au point il en eſt plus tardif,
Et quelque ſois plus Timide & Crainctif.
    Les Roys oyans l’entrepriſe louable
De ce ſort Grec, eurent vouloir ſemblable.
Les deux Ajax ſoffrirent de le ſuyvre :
Merionés vouloit mourir & vivre
Aveque luy. Thraſymedés bien fort
Le deſiroit : Menelaus le Fort
S’y preſenta, Et Vlyſſés le Sage,
Dict qu’il iroit hazarder ce Paſſage