Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/42

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Dans tes vaiſſeaux afin de faire entendre
Aux Grecs le dueil qui t’eſt venu ſurprendre.
    Apres ces motz de ſon filz ſe partit,
Et Achillés des vaiſſeaux ne ſortit,
Ayant ſon âme oultrée, & tranſportée,
Pour Briſeis, qu’on luy avoit oſtée.
    En meſme temps Uliſſés navigua
De vent propice, & en fin tant vogua,
Qu’il aborda, & la dame gentile
Au tres beau port de Chryſa la fertile.
    Soudainement feit les voiles deſcendre,
Cordes ſerrer, & le grand maſt deſcendre
Dans la Courſie, à la poupe attacher
Ancres crochuz, & en terre ficher.
Puis feit jetter hors la munition,
Qu’il apportoit pour ſon oblation.
Finablement conduyſant la pucelle
Honneſtement par deſſous ſon eſſelle,
S’en va tout droict au temple ſpacieux
Du Dieu Phœbus : ou de cœur gracieux
La delivra entre les mains du pere,
En luy diſant, Chryſes preſtre proſpere,
Agamemnon qui ſur les Grecs commande,
Preſentement par devers toy me mande
Pour t’amener ta fille, & pour offrir
Les veux au Dieu Apollo, qui ſouffrir
À faict aux Grecs maint dangereux malaiſe :
À celle fin que ſa. fureur ſ’appaiſe.
    Le bon vieillard joyeux de l’aventure
De recouvrer ainſi ſa geniture,
Soudainement commande d’appreſter
Le ſacrifice : & quant & quant porter