Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/47

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D’où vient cela que tu ne communiques
Avecques moy tes conſeilz & pratiques ?
Prenant plaiſir, que tes choſes couvertes,
Aux autres ſoient, non à moy deſcouvertes.
    N’eſpere point (reſpondit il adonc)
Scavoir ainſi tous mes ſecretz du long :
Ce te ſeroit choſe treſ-mal-aiſée :
Bien que tu ſois ma ſeur & eſpouſée.
Mais des conſeilz que tu pourras ſcavoir
Touſjours ſeray envers toy mon devoir.
Et n’y aura Dieu de ſi haute affaire,
À qui plus toſt qu’à toy je les declaire.
Doncques ſi j’ay tel advis propoſé,
Que ie ne veux à nul eſtre expoſé,
Tu ne dois point plus avant me preſſer,
Pour le cognoiſtre : ains en paix me laiſſer.
    Las qu’aſ-tu dict, reſpondit la Deeſſe,
Ô Iuppiter, faſcheux, plein de rudeſſe :
Quand ay je eſte ſi fole & indiſcrete,
Taſchant ſcavoir quelque choſe ſecrete.
Mais toy maling concluds & deliberes
Toujours ſans moy, tes plus prives affaires,
Ce qui me faict à preſent ſoucieuſe,
Ayant cogneu Thetis malicieuſe,
À ce matin aſſiſe aupres de toy.
Si crains tres fort, qu’elle ait eu quelque octroy
En ta faveur pour ſon filz revenger :
Et les Grecs mettre en perilleux danger.
    À quoy le Dieu reſpondit : Ô felonne,
Impoſſible eſt que jamais rien j’ordonne
Que ton faux cœur plein de ſuſpicion,
N’entende à plain la mienne intention.