Page:Homère - Odyssée, traduction Leconte de Lisle, 1893.djvu/101

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épais brouillard, de peur qu'un des Phaiakiens insolents, le rencontrant, l'outrageât par ses paroles et lui demandât qui il était. Mais, quand il fut entré dans la belle ville, alors Athènè, la Déesse aux yeux clairs, sous la figure d'une jeune vierge portant une urne, s'arrêta devant lui, et le divin Odysseus l'interrogea :

— Ô mon enfant, ne pourrais-tu me montrer la demeure du héros Alkinoos qui commande parmi les hommes de ce pays ? Je viens ici, d'une terre lointaine et étrangère, comme un hôte, ayant subi beaucoup de maux, et je ne connais aucun des hommes qui habitent cette ville et cette terre.

Et la Déesse aux yeux clairs, Athènè, lui répondit :

— Hôte vénérable, je te montrerai la demeure que tu me demandes, car elle est auprès de celle de mon père irréprochable. Mais viens en silence, et je t'indiquerai le chemin. Ne parle point et n'interroge aucun de ces hommes, car ils n'aiment point les étrangers et ils ne reçoivent point avec amitié quiconque vient de loin. Confiants dans leurs nefs légères et rapides, ils traversent les grandes eaux, et Celui qui ébranle la terre leur a donné des nefs rapides comme l'aile des oiseaux et comme la pensée.

Ayant ainsi parlé, Pallas Athènè le précéda promptement, et il marcha derrière la Déesse, et les illustres navigateurs Phaiakiens ne le virent point tandis qu'il traversait la ville au milieu d'eux, car Athènè, la vénérable Déesse aux beaux cheveux, ne le permettait point, ayant enveloppé Odysseus d'un épais brouillard, dans sa bienveillance pour lui. Et Odysseus admirait le port, les nefs égales, l'agora des héros et les longues murailles fortifiées de hauts pieux, admirables à voir. Et, quand ils furent arrivés à l'illustre demeure du roi, Athènè, la Déesse aux yeux clairs, lui parla d'abord :

— Voici, hôte, mon père, la demeure que tu m'as demandé de te montrer. Tu trouveras les rois, nourrissons