Page:Homère - Odyssée, traduction Leconte de Lisle, 1893.djvu/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu'un d'entre eux, comme je traversais innocemment la salle, m'ayant frappé, m'a fait un grand mal. Et Tèlémakhos n'y a point pris garde, ni aucun autre. Donc, maintenant, engage Pènélopéia, malgré sa hâte, à attendre dans ses demeures jusqu'à la chute de Hèlios. Alors, tandis que je serai assis auprès du foyer, elle m'interrogera sur le jour du retour de son mari. Je n'ai que des vêtements en haillons ; tu le sais, puisque c'est toi que j'ai supplié le premier.

Il parla ainsi, et le porcher le quitta après l'avoir entendu. Et, dès qu'il parut sur le seuil, Pènélopéia lui dit :

— Tu ne l'amènes pas, Eumaios ? Pourquoi refuse-t-il ? Craint-il quelque outrage, ou a-t-il honte ? La honte n'est pas bonne à l'indigent.

Et le porcher Eumaios lui répondit :

— Il parle comme il convient et comme chacun pense. Il veut éviter l'insolence des Prétendants orgueilleux. Mais il te prie d'attendre jusqu'au coucher de Hèlios. Il te sera ainsi plus facile, ô Reine, de parler seule à cet Étranger et de l'écouter.

Et la prudente Pènélopéia lui répondit :

— Cet Étranger, quel qu'il soit, ne semble point sans prudence ; et, en effet, aucun des plus injurieux parmi les hommes mortels n'a médité plus d'iniquités que ceux-ci.

Elle parla ainsi, et le divin porcher retourna dans l'assemblée des Prétendants, après avoir tout dit. Et, penchant la tête vers Tèlémakhos, afin que les autres ne l'entendissent pas, il dit ces paroles ailées :

— Ô ami, je pars, afin d'aller garder tes porcs et veiller sur tes richesses et les miennes. Ce qui est ici te regarde. Mais conserve-toi et songe dans ton âme à te préserver. De nombreux Akhaiens ont de mauvais desseins, mais que Zeus les perde avant qu'ils nous nuisent !

Et le prudent Tèlémakhos lui répondit :