Page:Homère - Odyssée, traduction Leconte de Lisle, 1893.djvu/313

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dysseus ! Ils ont rompu mes genoux sous ce dur travail de moudre leur farine ; qu’ils prennent aujourd’hui leur dernier repas !

Elle parla ainsi, et le divin Odysseus se réjouit de cette parole heureuse et du tonnerre de Zeus, et il se dit qu’il allait punir les coupables. Et les autres servantes se rassemblaient dans les belles demeures d’Odysseus, et elles allumèrent un grand feu dans le foyer. Et le divin Tèlémakhos se leva de son lit et se couvrit de ses vêtements. Il suspendit une épée à ses épaules et il attacha de belles sandales à ses pieds brillants ; puis, il saisit une forte lance à pointe d’airain, et, s’arrêtant, comme il passait le seuil, il dit à Eurykléia :

— Chère nourrice, comment avez-vous honoré l’Étranger dans la demeure ? Lui avez-vous donné un lit et de la nourriture, ou gît-il négligé ? Car ma mère est souvent ainsi, bien que prudente ; elle honore inconsidérément le moindre des hommes et renvoie le plus méritant sans honneurs.

Et la prudente Eurykléia lui répondit :

— N’accuse point ta mère innocente, mon enfant. L’Étranger s’est assis et il a bu du vin autant qu’il l’a voulu ; mais il a refusé de manger davantage quand ta mère l’invitait elle-même. Elle a ordonné aux servantes de préparer son lit ; mais lui, comme un homme plein de soucis et malheureux, a refusé de dormir dans un lit, sous des couvertures ; et il s’est couché, dans le vestibule, sur une peau de bœuf encore saignante et sur des peaux de brebis ; et nous avons jeté un manteau par-dessus.

Elle parla ainsi, et Tèlémakhos sortit de la demeure, tenant sa lance à la main. Et deux chiens rapides le suivaient. Et il se hâta vers l’agora des Akhaiens aux belles knèmides. Et Eurykléia, fille d’Ops Peisènoride, la plus noble des femmes, dit aux servantes :

— Allons ! hâtez-vous ! Balayez la salle, arrosez-la, jetez