Page:Homère - Odyssée, traduction Leconte de Lisle, 1893.djvu/320

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Il parla ainsi, et tous se mirent à rire de lui ; et Eurymakhos, fils de Polybos, dit le premier :

— Tu es insensé, Étranger récemment arrivé ! Chassez-le aussitôt de cette demeure, et qu’il aille à l’agora, puisqu’il prend le jour pour la nuit.

Et le divin Théoklyménos lui répondit :

— Eurymakhos, n’ordonne point de me chasser d’ici. Il me suffit de mes yeux, de mes oreilles, de mes pieds et de l’esprit équitable qui est dans ma poitrine. Je sortirai d’ici, car je devine le malheur qui est suspendu sur vous ; et nul d’entre vous n’y échappera, ô Prétendants, hommes injurieux qui commettez des actions iniques dans la demeure du divin Odysseus !

Ayant ainsi parlé, il sortit des riches demeures et retourna chez Peiraios qui l’avait accueilli avec bienveillance. Et les Prétendants, se regardant les uns les autres, irritaient Tèlémakhos en raillant ses hôtes. Et l’un de ces jeunes hommes insolents dit :

— Tèlémakhos, aucun donneur d’hospitalité n’est plus à plaindre que toi. Tu as encore, il est vrai, ce vagabond affamé, privé de pain et de vin, sans courage et qui ne sait rien faire, inutile fardeau de la terre, mais l’autre est allé prophétiser ailleurs. Écoute-moi ; ceci est pour le mieux ; jetons tes deux hôtes sur une nef et envoyons-les aux Sikèles. Chacun vaudra un bon prix.

Ainsi parlaient les Prétendants, et Tèlémakhos ne s’inquiéta point de leurs paroles ; mais il regardait son père, en silence, attendant toujours qu’il mît la main sur les Prétendants insolents.

Et la fille d’Ikarios, la sage Pènélopéia, accoudée sur son beau thrône, écoutait les paroles de chacun d’eux dans les demeures. Et ils riaient joyeusement en continuant leur