Page:Homère - Odyssée, traduction Leconte de Lisle, 1893.djvu/365

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

obtenus des Dieux, déposa de magnifiques prix des jeux au milieu des illustres Argiens. Déjà je m’étais trouvé aux funérailles d’un grand nombre de héros, quand, sur le tombeau d’un roi, les jeunes hommes se ceignent et se préparent aux jeux ; mais tu aurais admiré par-dessus tout, dans ton âme, les prix que la Déesse Thétis aux pieds d’argent déposa sur la terre pour les jeux ; car tu étais cher aux Dieux. Ainsi, Akhilleus, bien que tu sois mort, ton nom n’est point oublié, et, entre tous les hommes, ta gloire sera toujours grande. Mais moi, qu’ai-je gagné à échapper à la guerre ? À mon retour, Zeus me gardait une mort lamentable par les mains d’Aigisthos et de ma femme perfide.

Et tandis qu’ils se parlaient ainsi, le Messager tueur d’Argos s’approcha d’eux, conduisant les âmes des Prétendants domptés par Odysseus. Et tous, dès qu’ils les virent, allèrent, étonnés, au-devant d’eux. Et l’âme de l’Atréide Agamemnôn reconnut l’illustre Amphimédôn, fils de Mélantheus, car il avait été son hôte dans Ithakè. Et l’âme de l’Atréide lui dit la première :

— Amphimédôn, quel malheur avez-vous subi pour venir dans la terre noire, tous illustres et du même âge ? On ne choisirait pas autrement les premiers d’une ville. Poseidaôn vous a-t-il domptés sur vos nefs, en soulevant les vents furieux et les grands flots, ou des ennemis vous ont-ils tués sur la terre tandis que vous enleviez leurs bœufs et leurs beaux troupeaux de brebis ? ou êtes-vous morts en combattant pour votre ville et pour vos femmes ? Réponds-moi, car j’ai été ton hôte. Ne te souviens-tu pas que je vins dans tes demeures, avec le divin Ménélaos, afin d’exciter Odysseus à nous suivre à Ilios sur les nefs aux solides bancs de rameurs ? Tout un mois nous traversâmes la vaste mer, et nous pûmes à peine persuader le dévastateur de villes Odysseus.

Et l’âme d’Amphimédôn lui répondit :