Page:Homère - Odyssée, traduction Leconte de Lisle, 1893.djvu/372

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rante figuiers ; et tu me dis que tu me donnerais cinquante sillons de vignes portant des fruits et dont les grappes mûrissent quand les saisons de Zeus pèsent sur elles.

Il parla ainsi, et les genoux et le cher cœur de Laertès défaillirent tandis qu’il reconnaissait les signes manifestes que lui donnait Odysseus. Et il jeta ses bras autour de son cher fils, et le patient et divin Odysseus le reçut inanimé. Enfin, il respira, et, rassemblant ses esprits, il lui parla ainsi :

— Père Zeus, et vous, dieux ! certes, vous êtes encore dans le grand Olympos, si vraiment les Prétendants ont payé leurs outrages ! Mais, maintenant, je crains dans mon âme que tous les Ithakèsiens se ruent promptement ici et qu’ils envoient des messagers à toutes les villes des Képhallèniens.

Et le prudent Odysseus lui répondit :

— Prends courage, et ne t’inquiète point de ceci dans ton âme. Mais allons vers la demeure qui est auprès du verger. C’est là que j’ai envoyé Tèlémakhos, le bouvier et le porcher, afin de préparer promptement le repas.

Ayant ainsi parlé, ils allèrent vers les belles demeures, où ils trouvèrent Tèlémakhos, le bouvier et le porcher, coupant les chairs abondantes et mêlant le vin rouge. Cependant la servante Sikèle lava et parfuma d’huile le magnanime Laertès dans sa demeure, et elle jeta un beau manteau autour de lui, et Athènè, s’approchant, fortifia les membres du prince des peuples et elle le fit paraître plus grand et plus majestueux qu’auparavant. Et il sortit du bain, et son cher fils l’admira, le voyant semblable aux Dieux immortels, et il lui dit ces paroles ailées :

— Ô Père, certes, un des Dieux éternels te fait ainsi paraître plus irréprochable par la beauté et la majesté.

Et le prudent Laertès lui répondit :

— Que n’a-t-il plu au père Zeus, à Athènè, à Apollôn,