Page:Homère - Odyssée, traduction Leconte de Lisle, 1893.djvu/375

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— Écoutez-moi, Ithakèsiens. Odysseus n’a point accompli ces choses sans les Dieux immortels. Moi-même j’ai vu un Dieu immortel qui se tenait auprès d’Odysseus, sous la figure de Mentôr. Certes, un Dieu immortel apparaissait, tantôt devant Odysseus, excitant son audace, et tantôt s’élançant dans la salle, troublant les Prétendants, et ceux-ci tombaient amoncelés.

Il parla ainsi, et la terreur blême les saisit tous. Et le vieux héros Halithersès Mastoride, qui savait les choses passées et futures, plein de prudence, leur parla ainsi :

— Écoutez-moi, Ithakèsiens, quoi que je dise. C’est par votre iniquité, amis, que ceci est arrivé. En effet, vous ne m’avez point obéi, ni à Mentôr prince des peuples, en réprimant les violences de vos fils qui ont commis avec fureur des actions mauvaises, consumant les richesses et insultant la femme d’un vaillant homme qu’ils disaient ne devoir plus revenir. Et, maintenant que cela est arrivé, faites ce que je vous dis : ne partez pas, de peur qu’il vous arrive malheur.

Il parla ainsi, et les uns se ruèrent avec un grand tumulte, et les autres restèrent en grand nombre, car les paroles de Halithersès ne leur plurent point et ils obéirent à Eupeithès. Et aussitôt ils se jetèrent sur leurs armes, et, s’étant couverts de l’airain splendide, réunis, ils traversèrent la grande Ville. Et Eupeithès était le chef de ces insensés, et il espérait venger le meurtre de son fils ; mais sa destinée n’était point de revenir, mais de subir la Kèr.

Alors Athènè dit à Zeus Kroniôn :

— Notre père, Kronide, le plus puissant des Rois, réponds-moi : que cache ton esprit ? Exciteras-tu la guerre lamentable et la rude mêlée, ou rétabliras-tu la concorde entre les deux partis ?

Et Zeus qui amasse les nuées lui répondit :