Page:Homère - Odyssée, traduction Leconte de Lisle, 1893.djvu/405

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Ces traces sont celles des vaches aux cornes dressées, mais voici qu’elles sont tournées de nouveau vers la Prairie d’Asphodèle ; et ces pas ne sont ni ceux d’un homme, ni ceux d’une femme, ni de loups aux poils gris, ni d’ours, ni de lions. Ils ne ressemblent point non plus à ceux d’un taureau au cou épais, qui aurait laissé de telles traces d’un pied rapide. Ruse d’un côté de la route, et ruse plus grande de l’autre côté.

Ayant ainsi parlé, le Roi Apollôn, fils de Zeus, partit, et il parvint à la montagne de Kyllènè couverte d’une forêt, et à la retraite rocheuse et sombre où la Nymphe ambroisienne avait enfanté le fils de Zeus Kroniôn. Et une douce odeur se répandait par la montagne divine ; et, là, de nombreuses brebis aux longues jambes paissaient l’herbe.

Alors, l’Archer Apollôn descendit rapidement sur le seuil de pierre, et entra dans l’antre sombre. Mais, dès que le fils de Zeus et de Maia vit l’Archer Apollôn irrité à cause de ses vaches, il s’enfonça dans ses langes parfumés, de même que la cendre du bois cache de nombreux charbons. Ainsi Hermès, ayant vu l’Archer, se cacha de lui. Et, dans le même moment, il ramassa sa tête, ses bras et ses pieds, appelant le doux sommeil, comme on fait, revenant de la chasse et s’étant baigné. Et il tenait sous son aisselle la tortue récemment travaillée.

Mais le fils de Zeus et de Lètô reconnut sans se tromper l’illustre Nymphe montagnarde et son petit enfant plein de ruses subtiles ; et, regardant dans tous les coins de la grande demeure, il ouvrit, ayant pris la clef brillante, trois endroits secrets pleins de nektar et de douce ambroisie. Et il y avait aussi là beaucoup d’or et d’argent, et beaucoup de vêtements de la Nymphe, de pourpre ou d’argent, ainsi qu’il y en a dans les demeures sacrées des Dieux heureux. Et le Lètoïde, ayant cherché dans tous les coins de la grande demeure, parla ainsi à l’illustre Hermès :