Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/111

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La Nymphe pour sa part mit une robe blanche,
Légère, gracieuse ; elle entoura sa hanche
D’une ceinture d’or, et voila son beau front.
Alors elle pourvut au partement d’Ulysse.
D’abord de lui donner une hache d’airain,
Grande, aisée, à deux fils, avec un manche lisse,
Un manche d’olivier d’ajustage certain.
Cela fait, de l’armer d’une fine doloire ;
Enfin de le conduire en un lointain coteau,
Où frêne, orme et sapin s’élançaient dans leur gloire,
Déjà secs, soleillés, bons pour nager sur l’eau.
Après avoir montré l’arborique parage,
La noble Calypso chez elle retourna.

Lui, coupa de grands troncs, accélérant l’ouvrage.
Il en abattit vingt, qu’au fer il façonna,
Polit soigneusement et soumit à l’équerre.
Mais, tarières en main, Calypso reparaît.
De suite il perce et joint ces fils de la forêt.
Strictement les cheville et de clous les resserre.
Autant un homme habile à construire un vaisseau
D’un navire marchand sait étendre la base,
Autant l’actif Ulysse élargit son radeau.
Il élève un tillac, que mainte poutre évase,
Par les planches du pont couronnant son travail.
Ensuite il dresse un mât, le munit d’une antenne ;
De plus, pour se guider, il plante un gouvernail
Qu’il entoure d’osier, comme garde sereine
Contre les coups de mer : pour lest, des blocs de bois.
Cependant Calypso, songeant à la voilure,
Apporte de la toile ; il la coud de ses doigts.
Il tend câbles, funins, boulines pour conclure.