Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/138

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

D’une vierge portant un vase d’or au front,
Se plante devant lui ; le héros l’interpelle :
« Mon enfant, voudrais-tu me conduire au logis
D’Alcinoüs, le roi de cette île modèle ?
J’arrive en étranger d’un très lointain pays,
Après mille revers ; aux champs ni dans la ville,
Pour lors je ne connais aucun des habitants. »

Incontinent Minerve aux regards éclatants :
« Oui, je vais t’indiquer le royal domicile,
Bon étranger ; il touche à mon toit patrien.
Mais viens silencieux, je tracerai la route.
Ne regarde personne et ne demande rien.
Des hôtes parmi nous, voilà ce qu’on redoute ;
Quiconque vient d’ailleurs sent des refus amers.
Nos gens n’aiment qu’à voir leur marine lancée
Sur le gouffre écumeux, puisque le Dieu des mers
Fait leurs vaisseaux plus prompts que l’aile ou la pensée.

Pallas-Minerve dit, et devance le preux ;
Lui, de l’Olympienne à l’instant suit les traces.
Nul ne le remarqua de ces marins Phéaces
Qu’en sa marche il frôlait. Minerve aux beaux cheveux
Ne le permettait point, divinité sereine,
Qui par goût le couvrait d’un céleste brouillard.
Ulysse contempla les ports, mainte carène,
L’agora des héros, enfin le long rempart
Fortifié de pieux et d’un aspect sublime.
Mais une fois rendus au superbe palais,
La dive aux clairs regards en ces termes s’exprime :
« Père étranger, voici le toit que tu voulais.
Tu trouveras les rois, d’essence Jovienne,