Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/159

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A froissé mes ressorts, et sur l’eau j’ai vécu
Maigrement : c’est pourquoi mes chers genoux faiblissent. »

Il dit ; les spectateurs restent silencieux.
Le seul Alcinoüs réplique gracieux :
« Étranger, tes discours vraiment me réjouissent.
Ta force veut prouver ton intense vertu,
Dans l’indignation de ce public outrage.
Or, nul ne peut ici douter de ton courage,
À moins que d’aventure il n’ait l’esprit tortu.
Écoute maintenant, afin que tu redises,
En mémoire de nous, un jour dans tes États,
À ta femme, à tes fils, à d’autres potentats,
Au cours d’un doux festin, de quelles vaillantises
Zeus nous donna le goût, depuis nos bons aïeux.
Nous ne sommes en fait ni lutteurs ni pugiles ;
Mais nos pieds sont sans pairs, nos nefs des plus agiles.
Nous aimons les banquets, le luth, les bals pompeux,
Les bains chauds, la parure et la galanterie.
Des Phéaques danseurs vous les premiers, allons,
Dansez, pour que notre hôte, atteignant sa patrie,
Raconte à ses amis combien nous excellons
Dans l’art nautique, au chant, à la course, à la danse.
Et qu’à Démodocus on porte sans retard
La lyre demeurée au palais quelque part. »

Ainsi dit le monarque ; un des hérauts s’élance
Pour chercher l’instrument dans le royal séjour ;
Puis se lèvent neuf chefs, membres de l’assemblée,
Et par qui dans les Jeux toute chose est réglée.
Ils aplanissent l’aire, étendent son pourtour.
Le luth sonore au bras, retourne le céryce ;