Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/311

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A du blé, des brebis, des vignes, des fourrages.
La famine jamais n’attriste ses rivages ;
Aucun sombre fléau n’y déchaîne la mort.
De la société quand vieillissent les classes,
Phœbus à l’arc d’argent et la svelte Artémis
Courent les supprimer de leurs flèches sagaces.
À deux fortes cités le parage est soumis.
Mon père, le divin Ctésius Orménide,
Sur chacune plantait ses étendards royaux.
Là des Phéniciens, monde actif mais perfide,
Relâchèrent, porteurs d’étincelants joyaux.
Sous mon toit paternel vivait une Phénice,
Grande, belle, savante aux ouvrages lustreux.
Les malins étrangers la poussèrent au vice.
Tandis qu’elle lavait auprès du vaisseau creux,
Un des leurs en jouit, volupté qui fascine
Tout esprit féminin, même le plus moral.
Puis il lui demanda son nom et sa cassine.
Celle-ci, désignant notre enclos magistral :
« J’ai l’orgueil d’être née à Sidon riche en cuivre,
Et j’ai reçu le jour du puissant Arybas.
Des brigands taphiens m’ont forcée à les suivre,
Comme aux champs je vaguais ; conduite de là-bas,
Très cher à ce roi-ci je fus par eux vendue. »

Son séducteur de suite en termes enivrants :
« Veux-tu dans ta patrie être bientôt rendue,
Revoir ton domicile et tes propres parents ?
Certe, ils vivent encore ; on cite leurs richesses. »

La femme à son amant, à ses associés :
« Nautes, cela me plaît, pourvu que vous juriez