Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/315

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Un milan, vif courrier d’Apollon ; dans sa serre
Il plume une colombe, et le plumage à terre
Tombe entre Télémaque et le léger vaisseau.

Théoclymène, à part entraînant le pupille,
S’empare de sa main et lui dit nettement :
« Mon fils, un dieu guida l’essor du volatile ;
En lui je reconnais un augure clément.
Dans Ithaque il n’est pas de race plus royale
Que la vôtre, et toujours vous devez l’embellir. »

Du sein de Télémaque alors ce cri s’exhale
« Devin, si ton présage un jour peut s’accomplir,
De présents je te comble et d’une amitié telle
Que chacun, à te voir, te dira fortuné. »

Ensuite interpellant Piréus, son fidèle :
« Piréus Clytidès, toi le mieux façonné
De ceux qui m’ont suivi dans ce voyage à Pyle.
À ton logis pour moi conduis cet étranger
Et jusqu’à mon retour sache en tout l’obliger. »

Incontinent Pirée aux coups de lance habile :
« Ami, de l’Argien, si tardif que tu sois,
J’aurai le plus grand soin ; rien ne lui fera faute. »

Il dit ; et, s’embarquant, ordonne à chaque naute
D’accourir et d’ôter les câbles d’une fois.
L’équipage regrimpe et sur les bancs s’installe.
Télémaque pourtant chausse de beaux souliers
Et prend sur le tillac une pique navale,
Au fer aigu. Voici les câbleaux repliés.