Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/344

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Je serai franc, et rien ne restera douteux.
Ce que me révéla le vérace Protée,
Je le rapporterai sans en fausser un trait.
Il me dit l’avoir vu fondre en pleurs dans une île,
Où la nymphe Calypse au monde le soustrait.
L’infortuné ne peut revoir son domicile,
Car il n’a ni vaisseaux ni rameurs personnels
Qui l’aident à franchir l’immensité liquide. »
C’est ainsi que parla le belliqueux Atride.
Après quoi je revins, tenant des Supernels
Un vent doux, pour gagner au plus vite ma rade.

Il conclut ; de douleur la reine soupira.
Le preux Théoclymène ainsi la rassura :
« Ô pudique moitié du grand Laërtiade,
Ton fils ne sait pas tout, écoute-moi donc bien.
Je vais prophétiser, dire la chose entière.
J’atteste le Dieu-roi, ta mense hospitalière,
Et le foyer d’Ulysse, à cette heure le mien :
Ulysse est maintenant sur sa rive natale,
Soit assis, soit en marche ; instruit du long forfait,
Il brasse des galants la ruine totale.
J’observai près du bord un augure parfait,
Et je l’interprétai de suite à Télémaque. »

La sage Pénélope alors de repartir :
« Devin, si ton présage un jour peut aboutir,
Je te fais de tels dons, à toi si bien je vaque,
Qu’on te proclamera partout un homme heureux. »

Telles s’entrecroisaient leurs paroles accortes.
Toutefois les Rivaux, groupés devant les portes,