Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/392

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Afin qu’en pleine salle il prenne son repas
Près de mon fils. Malheur à l’esclave en délire
Qui s’en offenserait ! quelle que fût son ire,
Je l’enverrais ailleurs faire ses embarras.
Étranger, croirais-tu qu’entre toutes les femmes
J’excelle par le cœur et le discernement,
Si tu devais manger, ceint de loques infâmes,
Dans mon palais ? Nos jours ne durent qu’un moment.
Le cruel qui n’agit que de façon cruelle,
Vivant, se trouve en butte à l’animosité,
Et, mort, est un objet d’horreur continuelle.
Par contre l’homme bon pratiquant la bonté,
Au loin les voyageurs, d’une bouche rapide,
Propagent son renom, exaltent sa valeur. »

Immédiatement l’ingénieux parleur :
« Admirable moitié d’Ulysse Laërtide,
Je hais les beaux tapis, les draps avantageux,
Depuis que, m’élançant à bord d’une trirème,
De Crète je laissai les vastes monts neigeux.
Je me coucherai donc suivant mon dur système ;
Car en un piètre lit j’ai dormi bien des fois,
Attendant la clarté de la divine Aurore.
Quant au bain pédial, il me plaît moins encore,
Et des femmes d’atour qu’à tes côtés je vois
Nulle ne touchera mes pieds pour un lavage,
Si ce n’est quelque vieille, aux sens mortifiés,
Ayant autant que moi supporté de dommage.
S’il en est une ainsi, je lui tends mes deux pieds. »

En ces termes répond l’excellente princesse :
« Cher, de tous les passants qu’hébergea ma maison