Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/398

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Il dit ; Eurycléa court, à travers les salles,
Chercher d’un nouveau bain l’élément copieux.

Après que l’a baigné, parfumé sa complice,
Le roi s’assied plus près du feu réjouissant,
Et de ses penaillons couvre sa cicatrice.
La chaste Pénélope, alors recommençant :
« Bon pérégrin, je veux t’interroger encore,
Car voici le moment de ce tendre sommeil
Qui charme même ceux que le souci dévore.
Moi, le ciel m’affligea d’un chagrin sans pareil.
Le jour, lorsque je brode, en ne cessant d’astreindre
Mes femmes au travail, j’aime à pleurer, gémir ;
Puis, quand l’ombre est venue et que tous vont dormir,
Je m’étends sur ma couche où reviennent m’étreindre
De poignantes douleurs qui m’arrachent des cris.
Comme l’humble Aédon, fille de Pandarée,
Entonne, au renouveau, sa chanson adorée,
Du sein des rameaux verts des arbres refleuris,
Et, répandant sa voix en sonores cadences,
Pleure son cher Ityle, enfant du roi Zéthus,
Qu’elle immola jadis, dans ses inadvertances :
Ainsi de deux côtés j’ai les sens combattus.
Dois-je, au sort de mon fils complètement liée,
Garder mon toit, mes gens, mes terrains de valeur,
Avec l’humain respect ma foi conciliée,
Ou suivre l’Achéen qu’on dira le meilleur,
Et qui, pour m’obtenir, sera le plus prodigue ?
Tout jeune, Télémaque, en sa simplicité,
Mettait à mon hymen, à ma fuite une digue.
Ores qu’il a grandi, que bout sa puberté,
Il presse mon départ hors de cet édifice,