Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/418

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Voici que les rivaux, pour piquer Télémaque,
Insultent de concert ses hôtes passagers.
Tous ces fats de glapir, dans leur maligne attaque :
« Cher, tu n’as point de chance avec tes étrangers.
Celui-ci n’est qu’un pleutre, un méchant trouble-fête,
Un paresseux, raflant la coupe et le morceau,
Un vaurien, de la terre inutile fardeau ;
Et l’autre s’est levé, se posant en prophète.
Si tu voulais agir d’un mode intelligent,
Nous les embarquerions sur une agile coque,
Pour les mettre en Sicile, en tirer de l’argent. »

Tels étaient leurs discours ; Télémaque s’en moque.
Muet, lorgnant son père, il attend de son œil
Le signal d’écraser cette horde barbare.
Assise en face d’eux dans un brillant fauteuil,
La chaste Pénélope, enfant du noble Icare,
Écoute les propos qu’échangent ces pervers.
Ils s’attardent joyeux à leurs tables opimes,
Car ils ont abattu quantité de victimes :
Mais jamais un souper n’eut des mets plus amers
Que ceux que le héros et la dive aux yeux pers
Vont tantôt leur offrir, en retour de leurs crimes.