Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/467

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Actoris, qu’au début mon père me donna,
Et qui gardait le seuil de notre heureux thalame,
Mon cœur si méfiant, tu l’as persuadé. »

L’alme épouse a conclu : lui sent fondre son âme ;
Il l’embrasse ardemment, l’œil de pleurs inondé.
De même que la terre apparaît plus charmante
Aux marins dont Neptune au large a fracassé
Le robuste vaisseau battu par la tourmente ;
Peu d’entre eux en nageant du noir gouffre ont passé,
Transis, couverts d’écume, au rivage placide ;
Ils le foulent joyeux, ayant fui le trépas :
Ainsi voir son époux enchante l’Icaride,
Qui ne peut de son col détacher ses beaux bras.

L’Aube les eût surpris pleurant, pleurant encore,
Si Pallas à l’œil vif n’eût tout changé d’un clin :
Elle arrêta la nuit déjà sur son déclin,
Et retint sous les flots la blonde et riche Aurore,
L’empêchant d’atteler ses rapides chevaux,
Lampos et Phaéton, au char porte-lumière.
À sa compagne enfin l’homme aux rusés travaux :
« Femme, ce n’est point là notre épreuve dernière.
L’avenir me réserve un grand labeur final,
Que je dois accomplir dans ses détails sans nombre.
C’est de Tirésias ce que m’a prédit l’ombre,
Lorsque je descendis au royaume infernal,
Quêtant un retour sûr pour mes gens et moi-même.
Mais viens, gagnons ma couche, et d’un somme profond,
Étroitement unis, goûtons la paix suprême. »

La chaste Pénélope incontinent répond :