Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/488

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Détendu les genoux, et ton âme eût joui. »

C’est ainsi qu’ils causaient à cœur épanoui.
Mais le couvert est mis, la viande d’apparaître ;
À la file on s’assied aux trônes, aux pliants.
Et d’attaquer les plats. À l’instant le vieux Dole
Arrive avec ses fils, de mangeaille friands.
Ils venaient, rappelés de leur tâche agricole
Par la vieille, leur mère, ardente à les servir,
Ainsi qu’à prendre soin de leur père débile.
À l’aspect du héros frappant leur souvenir,
Tous s’arrêtent saisis, cloués au péristyle.
Mais Ulysse leur dit ces paroles de miel :
« Ancien, attable-toi ; remettez-vous, jeunesse.
Affamés dès longtemps d’un mets substantiel,
Nous n’osions commencer, vous espérant sans cesse. »

Il dit, et Dolius, étendant ses deux bras,
D’Ulysse prend la main, sur le poignet l’embrasse,
Et profère ces mots d’une touchante grâce :
« Ami, toi qui reviens et qu’on n’attendait pas,
Tout en le désirant, puisque Zeus te ramène,
Salut, au nom des dieux, et bonheur continu !
Mais parle exactement, afin que je l’apprenne :
L’auguste Pénélope a-t-elle déjà su
Ton retour, ou faut-il lui passer un message ? »

À cette question le monarque accompli :
« Bonhomme, elle le sait : que vouloir davantage ? »
Dolius, se taisant, prend un siège poli.
Ses enfants à leur tour au glorieux Ulysse
Présentent leurs devoirs, lui caressent la main,