Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/493

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N’eût crié fortement pour suspendre les coups :
« Cessez, peuples d’Ithaque, un combat fratricide ;
Sans répandre le sang, allons, séparez-vous. »

Minerve a dit ; de tous le pâle effroi s’empare.
D’épouvante frappés à la divine voix,
Ensemble ils laissent choir les armes de leurs doigts
Et décampent, heureux d’éviter la bagarre.
Ulysse toutefois pousse un cri menaçant
Et, s’étant ramassé, fond sur eux comme un aigle.
Mais soudain Kronion, qui toute chose règle,
Rue aux pieds de sa fille un foudre rougissant.
Lors la dive à l’œil pers dit au prince émérite :
« Subtil Laërtiade, Ulysse dieudonné,
Arrête, finis donc ce pourchas effréné,
De peur que contre toi le grand Zeus ne s’irrite. »

Le monarque obéit, tranquille désormais.
Bientôt Pallas-Minerve, enfant du Porte-égide,
Empruntant de Mentor les traits, l’accent rigide,
Entre les deux partis met les gages de paix.