Page:Homère - Odyssée, traduction Séguier, Didot, 1896.djvu/63

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N’ira coucher sur un bateau, tant qu’en ce monde
Je vivrai, qu’après moi vivront des fils experts
Pour accueillir chaque hôte en ma maison féconde. »

Incontinent Pallas, la déesse aux yeux pers :
« Tu parles d’or, cher vieux ; il faut que Télémaque
T’obéisse, c’est là le plus sage parti.
Qu’il te suive à l’instant, et dorme garanti
Dans ton palais ; pour moi, je rentre à ma caraque,
Afin de rassurer et styler mes compains.
D’être l’aîné de tous je fais ma gloire expresse.
Ce sont jeunes guerriers nous suivant par tendresse,
Du brave Télémaque étant contemporains.
Je coucherai ce soir sur ma planche aquatique ;
Mais, à l’aube, j’irai chez les nobles Caucons,
Où m’appelle une dette ancienne, et non modique.
Toi, puisque mon ami s’en va sous tes plafonds,
Avec l’un de tes fils qu’il ait un char solide
Qu’un robuste attelage au galop traînera. »

La déesse, à ces mots, comme un aigle rapide,
Disparut : des témoins la terreur s’empara.
Plein d’admiration, à l’aspect du prodige,
Nestor, de Télémaque ayant saisi la main :
« Cher, tu ne seras point sans force ni prestige,
Puisque déjà les dieux t’escortent en chemin.
De l’Olympe ce n’est quelque autre dignitaire ;
C’est la fille de Zeus, c’est Tritogénia,
Qui pour ton père aimé toujours s’ingénia.
Eh bien, reine, sers-nous ; donne-moi gloire entière,
À moi-même, à mes fils, à ma pure moitié !
Lors je t’immolerai tendre et belle génisse,