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ouvert [comté] et il devient fermé dans comtessa, par le déplacement de l’accent, (coumtésse). Les Italiens disent comme nous, à cause de l’influence de l’accect , conte et countessa, mais il n’écrivent pas le composé confessa, autrement que le simple dont il dérive, malgré qu’ils aient pris la prononciation pour régie de leur orthographe. Puis qu’il est si facile de démontrer que l’accent a la propriété de modifier ainsi, et sans exception, la prononciation, il est aussi inutile que dangereux de mutiler l’orthographe sans nécessité. Par cette mauvaise méthodt la plupart des verbes deviennent irréguliers ; accordar est de ce nombre quoiqu’il soit trèî-régulicr quand il est écrit comme il doit l’être ; t’ott accordi, lu accordes, eou ou el accorda, nautres accordant , vautres accordaz , clous ou eleis accordoun ; tandis que ceux qui ont voulu imiter la prononciation on écrit : iou accordi, accouerdi ou accouardi . tu accordes , accouerdei ou accouardes, eou accorda, accouerda ou accouarda ; nautres accordant ou accourdam , vautres acconriaz , cfous ou eiet’J accouerdoun. La même irrégularité se rencontre dans l’espagnol, dans le même verbe, acuerdo, acuerdas, acuerda, acordamos , acordais, acuerdan ; mais les Espagnols comme on sait, ne se sont pas astreints à respecter, ni à prendre pour guide l’orthographe étymologique. Les inconvénients d’un mauvais système d’orthographe ne se bornent pas à rendre la lecture des auteurs provençaux impossible à ceux qui n’en ont pas une grande habitude, ils privent encore celte langue de l’utilité dont elle peut être pour l’intelligence de la française. Comment s’expliquer par exemple, sans son intermédiaire, pourquoi l’on a écrit successivement le même mot : smk-I , soûl, soui et comment connaître son étymologic sans avoir recours à celte langue qui a été interposée entre le latin et le français ? Comment le faire encore, si l’orthographe étyr-ologique n’est pas respectée ? tandis qu’avec son secours tout devient facile. Inutilement dira-t-on, que sou vient de salur ou de satullus , il y a trop loin de l’un à l’autre pour que le lec leur soit convaincu : mais si l’on passe du latin au provençal et de celui ci au français, la transition devient moins brusque et bien plus facile a saisir : de satullus, diminutif de satur , les Provençaux ont d’abord fait par apocope satul, que les latins prononçaient satouZ.el par le changement du (en d, sadoul, voilà le mot fondamental ; «00« ;, saul, sadou, sadoup, n’en sont que des altérations. Se con-