Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/115

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tant sous l’œil fatigué des monstres ; aussi chacun d’eux céda-t-il au charme qui lui enchaînait les sens et conjurait le danger.

« Peu à peu se ferment les paupières, la troupe entière est possédée du plus fort des sommeils. Rubis, sans attendre, pressa le tube et distilla quelques gouttes de son contenu magique sur la paupière de chacun, allant des uns aux autres avec la rapidité d’une bouffée d’air : « Les voilà donc en sûreté : n’en ai-je point omis un seul ? » se demanda-t-elle, le tube aux doigts, s’arrêtant, pendant que son cœur palpitait, avec des coups tels qu’elle le croyait entendu d’eux. Puis, elle marcha avec précaution par toute la caverne, scrutant chaque trou et chaque crevasse, dans la peur qu’un Géant ne s’y cachât aux regards ; mais non ! ils dormaient tranquillement, et dormiraient douze longues heures sous l’influence de la liqueur magique. Le sein bondissant de joie, elle hâta le pas du côté où gisait son mari, dormant lui aussi, son sourire heureux toujours répandu sur les traits. Elle devina son rêve : elle s’y mêlait, et c’était tout le bien qu’ils auraient à accomplir ensemble, thème qui ne les fatiguait jamais, car ils ne faisaient qu’un cœur dans la réalité comme aux yeux de la loi. Penchée sur lui doucement, elle l’éveilla d’un baiser, qui