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Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/15

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récit de nobles faits, il ne lui arrivait jamais de s’essayer à les égaler. Satisfaite d’être née grande princesse, d’avoir tout ce qu’elle désirait, elle ne s’inquiétait pas des créatures ses pareilles, non plus qu’elle ne s’intéressait à savoir si son rang la mettait à même de soulager quelqu’une des misères de ce monde, et d’être noble ainsi. La Fée Égoïste était sa compagne perpétuelle, et gâtait chez elle ce qui eût pu, sous une tutelle différente, lui faire une réputation distinguée.

Blanche était grande et élégante, et son visage aurait paru encore plus beau, si l’expression en eût été plus douce ; mais les traits, formés avec perfection, étaient froids et hautains, enlevant tout charme à sa physionomie. Princesse, elle était naturellement entourée de flatteurs, qui lui faisaient accroire qu’elle ne pouvait rien faire de mal. Ses façons altières, impérieuses, on les appelait royales ; son insolence, on la signalait comme de l’esprit : c’était du caractère que l’obstination de son esprit volontaire.

Dans le grand bois avoisinant le parc de son père, était une clairière charmante, où elle pouvait se livrer, sans qu’on la troublât, à sa passion pour la lecture. Un jour qu’elle s’était retirée en son coin favori et qu’étendue sur un lit de